Naturalisme

Le terme même de naturaliste est attesté en français dès l’année 1527, au sens de “celui qui étudie l’histoire naturelle”. En peinture, le naturalisme est un mouvement  artistique apparu, plus précisément vers 1870 en France. Il se  poursuivra jusqu’en 1890. Ce mouvement, faisant suite au néo-classicisme  (1750-1830), au romantisme (1770-1870) et ensuite à l’académisme (ou  l’art pompier 1850-1875). Une fois que les dogmes académiques fussent  détruits, que les nuages du romantisme furent dissipés, les arts aussi  bien que la littérature tendent de plus en plus vers la vérité,  fusse-t-elle laide !
Baudelaire apportera sa contribution à l’essor de ce mouvement, mais c’est surtout le critique d’art Castagnary qui suggère l’émergence d’une “école naturaliste”, dont il dit, dans son Salon de 1863, qu’elle “affirme que l’art est l’expression de la vie sous tous ses modes et à tous ses degrés, et que son unique but est de reproduire la nature en l’amenant à son maximum de puissance et d’intensité : c’est la vérité s’équilibrant avec la science”. Ce mouvement accorde une importance primordiale  aux motifs d’époque, à la nature exactement perçue dans de grandes  fresques champêtres, et surtout au monde paysan ou ouvrier, plutôt qu’à  peintre des scènes historiques, allégoriques ou mythologiques. Il vise  donc à reproduire une réalité objective, voire même “sociale” puisqu’il  remet l’anonyme au centre de la toile.
Comme les impressionnistes, apparus presque en même temps, ils se croisent, chevalet en main dans cette nature dès 1870.
Pour  mieux comprendre cette école du naturalisme, il faut la comparer au  réalisme, ces deux variantes d’un même concept se réunissent autour d’un  axiome, le goût du réel et de la scène présente qu’ils s’attachent à  reproduire selon les mêmes canons. Cette notion de Réalisme et de  Naturalisme est issue des écrits de Zola qui furent à l’origine de la  naissance de ce mouvement pictural bicéphale. Toutefois, réalisme et  naturalisme s’en éloignent picturalement quant au traitement de cette  réalité, notamment quant aux conditions historiques politiques et  socioculturelles qui émergence de cette époque. Même si les réalistes  contestent la thématique traditionnelle des écoles antérieures, ils  valorisent eux-aussi l’individu sans distinction qu’ils incluent dans  les nouveaux mécanismes humains et sociaux.
Zola reprend ce thème en  1865 en lui donnant plusieurs sens. Taine, écrit-il par exemple en 1866,  est « un philosophe naturaliste » parce qu’ « il déclare que le monde  intellectuel est soumis à des lois comme le monde matériel, et qu’il  s’agit avant tout de trouver ces lois, si l’on veut avancer sûrement  dans la connaissance de l’esprit humain ». En 1881, il précise : « Les  naturalistes reprennent l’étude de la nature aux sources mêmes,  remplaçant l’homme métaphysique par l’homme physiologique, et ne le  séparent plus du milieu qui le détermine ».

Entre la période  Réaliste et celle du Naturalisme, il y a eu les progrès considérables  des sciences, en particulier pour ce qui nous concerne : la physiologie.  Le terme physiologie a été utilisé au XIXe siècle par les écrivains  réalistes pour qualifier de petites études de mœurs l’analyse de  personnages typiques comme les concierges, les curés de campagne, le  bagnard ou la femme de trente ans dont certains sont regroupés dans  l’ouvrage « les Français peints par eux-mêmes », à titre d’exemple on  citera Balzac et sa « Physiologie du mariage ».
Avec les réalistes  et les naturalistes, ce n’est pas la technique qui devient  révolutionnaire, mais le traitement des sujets peints. Les réalistes et  naturalistes appliquent un réalisme intégral, ils peignent ce que voient  les yeux, sans que l’intelligence n’intervienne pour sacraliser le  sujet ou divertir l’esprit de l’observateur vers d’autres pensées.  Ainsi, Courbet, représente les paysans non avec l’observation  affectueuse d’un Millet, mais comme s’il s’agissait d’animaux  singuliers, plus laids que les autres bêtes; les modèles féminins sont  des maritornes, et on donne une impression puissante de nature.
Le  Réalisme vise à représenter la réalité telle qu’elle est, sans chercher à  l’idéaliser, par opposition au Romantisme. Le Naturalisme, par contre,  consiste à décrire les choses comme un scientifique décrirait la nature,  mais le naturaliste renforce ou développe certains caractères du  Réalisme (il grossit le trait, dirait-on, un peu à la manière d’un  scénariste un peu partisan !). Le naturaliste est donc, un peu sous  influence (médecine, psychologie, machinisme, révolution industrielle,  etc). On pourrait aussi donner un autre angle de vue en disant : que les  réalistes se contentent de donner à voir ; Le réalisme « reproduit  simplement ce qu’il a sous les yeux » alors que « Les naturalistes ne  restent pas à la surface. Ils dévoilent, font tomber les masques pour  aller au-delà des apparences. » !
Pour résumer, les  naturalistes traitent uniquement des sujets de vie quotidienne, ne  peignent que des anonymes dans un milieu naturel et essayent de dépasser  le réel en accentuant l’instantanéité du moment pour le rendre plus  symbolique.

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